Thursday 19 February 2009

Ecological Commitment? We Have Given.

A friend of many years has had enough of saving the planet. What can be done reasonably should be done, but that is all. She speaks for Angels in the tongue of angels.

...Nous avons été affectés par la disparition d’excellents ami(e)s, à une fréquence qui nous a paru accélérée, attristés par la maladie d’autres.

Nous avons vécu la première année de la présidence Sarkozy avec étonnement, souvent réticence, quelquefois indignation. Nous avons aussi suivi l’élection présidentielle américaine, tenus en haleine par tous ses rebondissements, et jusqu’au bout effrayés d’une possible victoire du camp républicain. Quel soulagement que le succès démocrate ! Mais à présent tout commence dans ce pays, et rien n’est garanti.

Bien sûr nous avons suivi les conflits éclatant dans le monde, et je ne suis pas certaine que la mémoire des premiers en début d’année ne soit pas déjà effacée par ceux dont nous avons été les témoins en fin d’année. Nous sommes entrés dans La Crise , sans que cela nous affecte personnellement (encore ?), avec le sentiment coupable que notre relatif bien-être est un prélèvement indu sur le revenu futur de nos enfants et petits-enfants. Nous avons entendu toutes les prévisions catastrophistes sur le réchauffement climatique, l’effet de serre, le sombre avenir de la planète et l’obligation pour chacun de contribuer au sauvetage de celle-ci. Vous aussi, chers amis, vous avez entendu tout cela.

Eh bien, au risque de vous choquer, je vais vous dire : j’ai horreur de la tyrannie écologique.

Ma période écologique

Je n’ai nullement l’attention de contester les arguments des écologistes et autres sauveteurs de la planète, des ours polaires, des singes… (je ne me rappelle plus lesquels) et autres espèces menacées. De même que je n’ignore pas les très compétents argumentaires concernant le risque de famine à l’échelle mondiale, la raréfaction de la ressource en eau. Non, je me limite à une position très individualiste, très égoïste je l’admets. L’écologie, j’ai déjà donné. Et je ne veux pas recommencer. Vous me dites, « après moi le déluge ? ». Mais non, voyons. Ma petite personne ne va pas faire remonter d’un micro-millimètre les eaux de l’Atlantique à Biarritz.

Pour commencer, je précise que j’ai soixante-treize ans et demi tout juste. Pendant la guerre (la deuxième) je vivais dans un tout petit village. Nous étions très écologiques sans le savoir, ni même le vouloir. On dit aujourd’hui qu’il faut être « locavores », en gros s’approvisionner le plus près possible de chez soi. Eh bien, nous l’étions. Il n’y avait pas plus de 100 mètres de la maison à l’enclos des topinambours et des rutabagas. Le poulailler et les clapiers étaient à 200 mètres . Les oranges et les mandarines, on ne connaissait pas, on cueillait les pêches et les pommes du jardin. Le chat aussi était locavore, il ne se nourrissait pas de croquettes mais de souris, qu’il avait l’élégance de nous apporter mortes avant de les consommer pour être félicité. Le tri des déchets : on n’en avait pas beaucoup, à l’épicerie tout était vendu en vrac, ce qu’on s’efforce aujourd’hui de ressusciter. Les lentilles venaient avec des cailloux, les pâtes grisâtres avec de sournoises petites bêtes. Quant aux déchets « personnels », il y avait la petite cabane au fond du jardin, derrière les lauriers (« je vais derrière les lauriers » étant devenu la métaphore pour ce que vous savez. ) et un homme du village passait avec sa brouette une fois par semaine pour enlever lesdits déchets et les épandre dans les champs.

On ne jetait rien. Ma grand-mère défaisait et retricotait mes pulls avec des laines de récup à mesure de ma croissance. J’allais à l’école en sabots avec du foin dedans. Pour les grandes occasions j’avais des chaussures en simili-cuir dont on coupait le bout jusqu’à ce que le bout de mon pied touche par terre. Je rêvais, quand je serais grande, d’avoir les mêmes chaussures que ma mère, à semelles en bois compensées, et à lanières rouges. A Noël j’avais des jouets merveilleux – je me souviens d’une poupée confectionnée par ma grand’mère, en tissu, avec pour visage la tête de Blanche-Neige, le hit qui venait de sortir, découpée dans un magazine et cousue sur la poupée. On n’avait pas trop le temps de s’ennuyer, nous les enfants. En juin on aidait aux foins (à la main, au râteau). En juillet on ramassait les doryphores dans les champs de pommes de terre. En août on participait à la moisson. En septembre on faisait les vendanges. En octobre on ramassait les marrons « pour envoyer au Maréchal Pétain ». Qu’est-ce qu’il en faisait le Maréchal, je ne sais pas, on disait que c’était pour mettre dans le (faux) café. On allait en classe jusqu’au 31 juillet, réserve faite des doryphores, et on faisait la rentrée au 1er octobre, après les vendanges.

Avec tout ça je crois que j’ai amplement racheté mon droit à polluer, jusqu’à ma mort et au-delà.

Contre l’ecologic attitude

J’ai peu à peu découvert le progrès technique et la société de consommation. Pour tout dire, je m’y suis jetée à corps perdu.

En vrac : le jetable (les couches, après un début dans la « tradition ». Les premières couches jetables étaient de grands rouleaux de cellulose qu’on découpait aux ciseaux, pas les variations sophistiquées par sexe, âge et autres particularités qu’on a aujourd’hui. N’empêche, c’était glorieux ; aujourd’hui les kleenex, lingettes etc.) ; le plastique (les premiers sacs étaient épais, on les lavait, on les stockait, on s’en resservait) ; l’électroménager « qui libère la femme » comme disait M. Moulinex ; les produits chimiques sous toutes leurs formes, dont les sprays qui me dit-on percent la couche d’ozone. Vous pouvez compléter.

Aujourd’hui, ce que je me refuse à faire : renoncer à la clim dans ma voiture (si vous n’êtes pas d’accord, vous descendez) ; éteindre quand je sors d’une pièce, par système ; limiter la température chez moi à 19° (moi c’est 22° minimum) ; éteindre mes systèmes de veille sur mes appareils ; acheter le « paquet familial » de pâtes pour avoir à le manger sur plusieurs semaines (on est deux). Quand je fais « un petit geste pour la planète » (l’expression me fait horreur) c’est par hasard ou habitude : boire l’eau du robinet ; prendre des douches et pas de bains, marcher pieds nus chez moi, etc. Mais je mange des haricots verts du Kenya ou des raisins du Chili hors saison parce que cela me plaît.

Il ne vous reste plus qu’à me boycotter ou me tuer (ou attendre..) !

9 comments:

banned said...

parlez-vous Anglais ? ( o-level reject )

Anonymous said...

HG, Incroyable!! Lucky you - you seem to have some remarkable friends. I recall life somewhat like that too in my long-gone childhood.

But have no fear, The Great Leader's Plan will soon see us all return to those far off halcyon days of make do and mend..

hatfield girl said...

It's partly the beautiful French that makes the view's expression so powerful, Banned.

And learning French shouldn't be associated with school exams, should it? Come to think of it, learning anything shouldn't be associated with school any more.

hatfield girl said...

It sounds halcyon but having the house at 22 degrees sounds better, Nomad.

Anonymous said...

Jolly nice for those of you who speak French. I am a mere German speaker, so is there is any chance of a translation of the most exciting parts?

hatfield girl said...

Mr Weetabix, I sympathise; I'm staring at two comments in what I think is Japanese but is certainly another alphabet as well as another language.

So I'll summarise later. The writer describes, most beautifully, an immediate-post War childhood in country France and her unwillingness to allow green agendas ever to be imposed on her by political choice, rather than necessity, again. Idyllic country childhoods were most uncomfortable and those denied them are after a misunderstood and unsuffered past, not lost, world.

hatfield girl said...

On closer inspection, perhaps it is Chinese. What does one do with longish comments in an unfamiliar alphabet, mindful of the cruel activities of native Welsh-speakers directed at the English?

Anonymous said...

I agree HG, 22* is very pleasant.

When I grew up, my mum and my gran were always knitting something; sitting by the radio of an evening with needles clacking away merrily, making socks, gloves, jumpers, wooly hats, cardigans etc for the whole family. We had a large wooden box filled to the brim with knitting patterns. In fact my very first bought jumper was at the age of 11 and was a compulsory purchase as part of my grammar school uniform. Life was certainly harder in the early postwar years, but I think it really was much simpler. Going out for a meal (other than perhaps a bun and a cuppa in a Lyons Corner House) was completely out of the question; and of course pre-packed frozen and fast food was unheard of. If times were tough, our meals consisted of thick veggie soup with lots of barley and dumplings to fill it out a bit and slices of bread on the side. The kids of today really do not know what they are missing!!

As for Chinese, Japanese, Korean, Arabic, Russian etc comments - consign them to the poubelle.


PS: Sorry if this sounds a bit like the tale of 3 Yorkshiremen!

Anonymous said...

Thanks HG! Now I know roughly what it's about I feel I can endorse the sentiment.